Dans l’histoire des idées ne se pose pas la question de la persistance, mais celle de la « vérité ». Si l’on garde cela à l’esprit, la théorie de l’évolution peut fournir une analogie de grande portée : la relation entre des structures biologiques viables et leur environnement équi- vaut en fait à la relation entre des structures cognitives viables et le monde empirique du sujet pensant. [...] Les organismes que l’on trouve vivants à n’importe quel moment de l’histoire de l’évolution, ainsi que leurs modes de comportement, sont le résultat de variations « accidentelles » cumulatives, et l’influence de l’environnement était et est encore limitée à l’élimination de variantes non viables. [...] Eux aussi sont fabriqués, mais l’interprétation de leur signification fournit un type de connaissance différent de celui de la connaissance rationnelle de la construction. [...] Alors que, dans le système de Vico, il n’existe pas de principes immuablement ancrés dans l’organisme qui déterminent nos manières de faire des expériences, de penser et de construire. [...] Avec cette idée de cohérence à l’intérieur de certaines limites, qui remplace la notion iconique de « vérité », Vico anticipait, sans le savoir, le prin- cipe fondamental de viabilité tel qu’on le trouve dans la théorie de la connaissance constructiviste.