Lindblom (1965) compare systématiquement les propriétés de l’ajustement mutuel et de la 12 coordination centralisée, en particulier en ce qui a trait à l’ampleur de la coordination possible, à la rationalité de la coordination obtenue, à sa cohérence, à son rapport avec l’entente sociale, les valeurs conflictuelles, l’équité et l’inégalité, et l’intérêt général ou public. [...] Les mécanismes d’ajustement mutuel conjoint coordonnent les décisions par un travail collectif et constructif de discussion, de négociation et de marchandage qui peut transformer les projets, les valeurs et les représentations au lieu de les tenir pour fixes (Lindblom, 1965:!206). [...] Or tout processus de décision collective visant à établir ce qui est d’intérêt général fait face à toutes les difficultés de la prise de décision : la prise en compte des risques, de l’incertitude et de l’ambiguïté, la nécessité des arbitrages entre une multitude de fins, de valeurs et d’intérêts plus ou moins divergents et conflictuels (Lindblom, 1965). [...] L’étude de la science nous révèle que les processus d’ajustement mutuel sont portés par des systèmes de règles, de valeurs et de croyances, c’est-à-dire par des pratiques et des institutions sociales (Scott 2001). [...] Les membres de ces communautés partagent des traditions, des paradigmes, des cadres de compréhension du monde, de la société et de leur rôle dans la société.